Selon Boris Gershman, « les croyances sur la sorcellerie traversent les groupes socio-démographiques mais sont moins répandues parmi les plus instruits et les plus à l’aise sur le plan économique. La variation au niveau national de la prévalence des croyances en sorcellerie est systématiquement liée à un certain nombre de caractéristiques culturelles, institutionnelles, psychologiques et socio-économiques ».
Dans une étude, intitulée « Witchcraft beliefs around the world: An exploratory analysis« , le professeur associé d’économie à American University a expliqué que « les croyances en sorcellerie sont plus répandues dans les pays aux institutions faibles et corrélées positivement avec la culture conformiste et les préjugés au sein du groupe ».
L’analyse « montre que les croyances en sorcellerie traversent les groupes sociodémographiques et sont négativement associées à l’âge, à l’éducation et au bien-être matériel ».
Guidée par les thèmes clés de la littérature, cette analyse transnationale se concentre sur les quatre questions suivantes :
- le rôle des croyances en sorcellerie dans le maintien de la conformité et de l’auto-gouvernance,
- leur relation avec le capital social, le bien-être psychologique et perspectives mondiales,
- le lien entre les croyances en sorcellerie, l’innovation et le développement économique,
- l’exposition aux malheurs comme facteur de maintien des croyances en sorcellerie.
Les chercheurs vont examiner 60 caractéristiques et établir plusieurs modèles :
- les croyances en sorcellerie sont nettement plus répandues dans les pays dotés d’institutions faibles et d’une gouvernance de mauvaise qualité.
- les croyances en sorcellerie sont fortement corrélés positivement avec les mesures de conformité culturelle et de biais intra-groupe.
- les croyances en sorcellerie sont associées à l’érosion du capital social qui se manifeste par de faibles niveaux de confiance et d’autres attitudes et comportements antisociaux.
- les habitants des pays où les croyances en sorcellerie sont plus répandues affichent des niveaux de satisfaction de vie inférieurs, un sentiment de contrôle sur la vie et d’auto-efficacité diminué, ainsi qu’un degré plus élevé de fatalisme.
- les croyances en sorcellerie sont négativement liées à la culture créative et aux mesures de l’activité innovante.
- il existe une relation non linéaire en U inversé entre les mesures standard du développement économique et la prévalence des croyances en sorcellerie.
- il existe des preuves mitigées sur le rôle de l’exposition aux malheurs dans la promotion des croyances en sorcellerie.
Cette carte montre « la prévalence des croyances en sorcellerie au niveau des pays dans le monde, calculée comme une fraction de réponses « oui » à la question « Croyez-vous au mauvais œil, ou que certaines personnes peuvent lancer des malédictions ou des sorts qui causent que de mauvaises choses arrivent à quelqu’un ? »
Au total, l’ensemble de données qui en résulte couvre plus de 140 000 individus de 95 pays et territoires sur les 5 continents. Plus de 40% de tous les répondants au sondage ont affirmé croire à la sorcellerie. Les taux de prévalence couvrent presque toute la gamme possible allant de 9% en Suède à 90% en Tunisie, avec une moyenne de 43%.
L’article révèle le lien solide entre de nombreuses caractéristiques individuelles et nationales et les croyances contemporaines en sorcellerie à l’échelle mondiale.
Les chercheurs attestent que « les croyances en sorcellerie sont positivement liées à la culture conformiste et sont particulièrement répandues dans les pays aux institutions faibles ». De plus, elles sont associées à « l’exposition à certains chocs tels que la sécheresse agricole et le chômage et peuvent fournir un mécanisme d’adaptation pour faire face aux malheurs ».
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