La Llorona, figure hispanique de la Dame blanche

La Llorona (prononciation : /la ʝoˈɾona/ : « Yorona » ou « jorona », signifie « la pleureuse » en espagnol), est un fantôme du folklore d’Amérique hispanique.

Selon la légende, il s’agit de l’âme en peine d’une femme ayant perdu ou tué ses enfants, les cherchant dans la nuit près d’un fleuve ou d’un lac. Elle effraie ceux qui entendent ses cris de douleur perçants.

Jean-Bruno Renard, professeur émérite de sociologie à l’Université Paul Valéry – Montpellier 3 et spécialiste des légendes urbaines, a expliqué au site Spokus que « la légende de la Llorona est très ancienne et bien connue des Mexicains et des Américains d’origine mexicaine, notamment ceux qui habitent les États limitrophes du Mexique (Californie, Arizona, Nouveau-Mexique, Texas) ».

Il précise que « de son vivant, cette femme a tué ses propres enfants en les noyant. Le ciel l’a condamnée à errer éternellement pour les rechercher. Dans certaines variantes de la légende, la Llorona menace ou attaque les personnes qu’elle rencontre et elle peut même enlever des enfants pour remplacer les siens« . (Source)

Il existe plusieurs versions différentes de cette légende selon les régions, mais elles s’accordent toutes plus ou moins.

Au milieu du XVIe siècle, les habitants de l’ancienne Tenochtitlán, capitale de l’Empire aztèque, fermaient portes et fenêtres, et toutes les nuits certains se réveillaient au son des pleurs d’une femme qui déambulait dans les rues.

Parfois, certaines légendes expliquent qu’elle est une belle jeune femme ou une vieille femme aux mains de sorcière, ou encore une femme à tête de mort. Dans cette dernière version, elle peut faire référence à la déesse Cihuacoatl, à la Santa Muerte, ou au personnage de Catrina pendant la fête des morts au Mexique.

Certains expliquent qu’elle aurait tué entre 2 et 13 de ces enfants. La méthode reste siilaire à toutes les légendes, elles les aurait noyé. Toutefois, il est possible de lire qu’elle a fait l’usage d’un couteau ou d’une hache. Il est peu expliqué pourquoi elle tue ses enfants, mais parfois il est dit qu’elle était folle; ou jalouse en raison de l’adultère de son mari, ou encore qu’elle n’avait pas assez d’argent pour nourrir ses enfants. Après son crime, elle se suicide, notamment par noyade.

La légende de La Llorona fait partie de la culture hispanique du sud-ouest depuis l’époque des conquistadores. Certains disent que cet esprit grand et mince est doté d’une beauté naturelle et de longs cheveux noirs. Elle porte une robe blanche et parcourt les rivières et les ruisseaux, gémissant dans la nuit et cherchant des enfants à traîner, criant vers une tombe aqueuse.

Personne ne sait exactement quand la légende de La Llorona a commencé ni où elle est née. Au Mexique, certains chercheurs estiment que la Llorona, personnage de la mythologie et des légendes mexicaines, trouve ses origines dans des créatures ou divinités préhispaniques : Auicanime, pour les Purépechas ; Xonaxi Queculla, pour les Zapotèques, Cihuacóalt, pour les Nahuas, et Xtabay, pour les Lacandons.

Le codex du missionnaire dominicain et historien espagnol, Diego Durán, détaille les mythes d’origine des dieux aztèques et discute d’une déesse, Coatlicue, qui est souvent liée ou considérée comme la même que Ciuacoatl, qui est dans la mythologie aztèque une des déesses de la maternité et de la fertilité.

Coatlicue, ce nom peu familier désignerait dans la langue Nahuatl des Aztèques « celle qui porte une jupe de serpents« . Elle est aussi appelée « mère des dieux« , « Déesse de la vie, de la mort et de la renaissance » ou « Mère des étoiles du sud« . Diego Durán la décrit comme « la plus laide et la plus sale qu’on puisse imaginer. Son visage était si noir et couvert de crasse qu’elle ressemblait à quelque chose tout droit sorti de l’Enfer. Elle attend que son fils lui revienne de la guerre et le pleure et le pleure pendant son absence. Durán fournit également des détails sur certains événements étranges avant la conquête qui auraient troublé Moctezuma. Parmi celles-ci se trouve une « femme qui erre dans les rues en pleurant et en gémissant ». (Source)

  • Il existe aussi une version indiquant que la Llorona est l’âme de La Malinche, appelée à l’origine Malinalli, puis Malintzin (en nahuatl), enfin Doña Marina. Née vers 1500 et morte vers 1529, elle est une Amérindienne d’origine nahua, qui, faisant partie d’un lot d’esclaves offerts par le cacique maya de la région de Potonchan à Hernán Cortés après sa victoire de la Centla (14 mars 1519). Elle va jouer un rôle important dans la conquête de l’Empire aztèque (1519-1521) et devenir par la suite le symbole de la trahison, la victime consentante et la mère symbolique du peuple mexicain moderne.
  • Une autre version relate la tragédie d’une femme riche et cupide. Elle a tout perdu lorsque son mari meurt. Ne supportant pas la misère, elle noie ses enfants et meurt, pour ensuire revenir de l’au-delà pour payer ses crimes.
  • Il est également dit que la Llorona était une jeune fille amoureuse, morte la veille de ses noces, et qui apportait à son fiancé la couronne de roses qu’elle n’avait pas pu porter.
  • Il s’agissait également d’une épouse morte, lors de l’absence de son mari, revenant pour lui donner un baiser d’adieu.
  • Une autre version atteste que cette femme a été assassinée par son mari jaloux et réapparaissait pour déplorer sa mort et crier son innocence.
  • Au Venezuela, le mythe a son origine aux Llanos vénézuéliens, qui sont de vastes plaines couvrant plus du tiers du territoire vénézuélien.

Une autre version

Une autre légende dit que La Llorona était une femme attentionnée pleine de vie et d’amour qui a épousé un homme riche qui lui a prodigué des cadeaux et de l’attention. Cependant, après lui avoir donné deux fils, il a changé, revenant à une vie de coureur de jupons et d’alcool. Il l’a quitté plusieurs fois, durant plusieurs mois. Il ne se souciait plus d’elle, parlant même de la quitter pour épouser une femme de sa propre classe aisée. Quand il est rentré chez lui, ce n’était que pour rendre visite à ses enfants, et Maria dévastée a commencé à ressentir du ressentiment envers les garçons.

Un soir, alors que Maria se promenait avec ses deux enfants sur un sentier ombragé près de la rivière, son mari est passé en calèche avec une dame élégante à ses côtés. Il s’est arrêté et a parlé à ses enfants mais a ignoré Maria et a ensuite conduit la voiture sur la route sans se retourner. Après avoir vu cela, Maria est entrée dans une rage terrible, et se retournant contre ses enfants, elle les a saisis et les a jetés dans la rivière. Alors qu’ils disparaissaient en aval, elle a réalisé ce qu’elle avait fait et a dévalé la rive pour les sauver, mais il était trop tard. Maria s’est effondrée dans un chagrin inconsolable, courant dans les rues en criant et en gémissant. La belle La Llorona les a pleurés jour et nuit.

Pendant ce temps, elle ne mangeait pas et marchait le long de la rivière dans sa robe blanche, à la recherche de ses garçons – espérant qu’ils reviendraient vers elle. Elle a pleuré sans fin alors qu’elle parcourait les berges et sa robe s’est souillée et déchirée. Lorsqu’elle a refusé de manger, elle a maigri et est apparue plus grande jusqu’à ressembler à un squelette ambulant. Encore jeune, elle finit par mourir au bord du fleuve.

Peu de temps après sa mort, son esprit agité a commencé à apparaître, marchant sur les rives de la rivière Santa Fe lorsque l’obscurité est tombée. Ses pleurs et ses gémissements sont devenus une malédiction de la nuit, et les gens ont commencé à avoir peur de sortir après la tombée de la nuit. On dit qu’elle a été vue dérivant entre les arbres le long du rivage ou flottant sur le courant avec sa longue robe blanche étalée sur les eaux.

Pendant de nombreuses nuits sombres, les gens la voyaient marcher le long de la rivière et pleurer pour ses enfants. Et ainsi, ils ne parlaient plus d’elle comme Maria mais comme La Llorona, la femme qui pleure. Les enfants sont avertis de ne pas sortir dans l’obscurité, car La Llorona pourrait les arracher, les jetant à la mort dans les eaux vives. (Source)

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